La fin de l’année 2023 a été douce (+1.1°C à Orange en décembre 2023 par rapport à la norme), de même que les mois de janvier à mars 2024, avec notamment un mois de février très nettement au-dessus des normales (+3,2°C à Orange). Cela a entraîné un débourrement relativement précoce et un retour à la norme « plus fraîche » entre les mois d’avril et juin a été le bienvenu, voire a pu inquiéter les viticulteurs avec des épisodes gélifs au cours du mois d’avril généralement circonscrits aux zones protégées du Mistral.
L’été 2024 a été le plus chaud jamais enregistré à l’échelle de la planète. En Vallée du Rhône, l’été a également été chaud, mais avec des périodes contrastées : juillet 2024 est légèrement au-dessus des normales tandis qu’août 2024 enregistre deux vagues de chaleur successives (1 au 2 août et 6 au 12 août) avec des températures maximales s’envolant à 38,2°C à l’ombre à Orange le 6 août (2e température la plus haute jamais enregistrée à Orange en août après le 22/08/2003). Septembre 2024 voit le retour d’une belle fraîcheur avec un épisode de Mistral considérable du 8 au 18 septembre qui a drastiquement fait chuter les températures (parfois ne dépassant pas les 20°C l’après-midi).
Le cumul de jours de forte chaleur (température max > 35°C) est dans la tendance de ces dernières années à Orange (26 jours), de même que celui des nuits tropicales (température min > 20°C) : l’été 2022 reste pour l’instant le plus extrême de ces dernières années.
Ces températures élevées, combinées aux traitements au soufre nécessités par la pression mildiou-oïdium souvent présente tardivement, ont localement pu provoquer des brûlures foliaires.
Dans la majorité des situations, la vigne n’a subi qu’un stress hydrique modéré, et ce durant la période sèche au cœur de l’été (entre la pluie du 20 août et celle du 4 septembre). Mais ces petites averses régulières (« tous les weekends de juin ») ont surtout causé des dégâts par la création de situations très favorables pour les maladies fongiques cumulées à des sols parfois relativement instables qui ont fortement dégradé la capacité d’action des viticulteurs au moment où les grappes étaient en formation.
Si le début de la maturation est relativement épargné de précipitations, l’épisode cévenol du 4 septembre (env. 40-60mm) couplé à une averse de 30mm trois jours plus tard a causé de grandes inquiétudes quant au pourrissement de la récolte. Fort heureusement, un Mistral salvateur a permis de sécher les raisins et de contenir les foyers tout en proposant des températures fraîches permettant une belle accumulation d’anthocyanes et le mûrissement des tanins. Une dernière averse fin septembre a cette fois déclenché la rentrée de la majorité des parcelles et l’année hydrologique 2024 se termine avec le plus haut cumul depuis 2020 et des nappes bien rechargées pour la saison suivante.
À Orange, la vigne a commencé à débourrer très précocement autour de la mi-mars à la faveur de températures hivernales particulièrement douces. Avec une avance conséquente sur les normales, d’importants risques de gel se sont manifestés sans toutefois que le thermomètre n’atteigne les valeurs limites et surtout avec l’aide du Mistral dans les épisodes critiques.
Les pluies abondantes et des températures plus fraiches sur la période suivante ont participé à un développement régulier, mais peu hâtif conduisant à une période de floraison se situant dans les standards observés. La sortie de grappes a été globalement généreuse comme l’an passé malgré une coulure modérée à forte consécutive aux nombreuses averses durant la floraison.
L’été chaud a permis au Grenache d’atteindre le stade véraison avec deux jours d’avance sur la date médiane (1990-2023). Les précipitations régulières du mois de juin ont participé à un beau développement des baies qui atteignent à la récolte plus de 370g pour 200 baies, c’est-à-dire parmi les millésimes à grosses baies de ces dernières années (la moyenne pour 200 baies étant à 341g). Ces baies ont par ailleurs amplement profité des précipitations du 4-5 septembre en gonflant en moyenne de 5% à cette occasion. Extrapolée à l’échelle d’un hectare, la récolte aurait pu être généreuse : la coulure et le mildiou en ont toutefois décidé autrement.
Le 1er septembre, le TAVP a atteint en moyenne 13.45 %vol. sur Grenache, soit 0,65 %vol. de plus que la normale (1990-2023). Cela peut être trompeur, car les vendanges ont généralement été tardives cette année : le fort Mistral pendant 15 jours en septembre a fait profiter la vendange de son effet protecteur et a permis l’atteinte de belles maturités phénoliques. Après 2 années compliquées du point de vue de l’acidité, les bonnes réserves hydriques et accumulations de minéraux ont maintenu l’acidité des moûts à des niveaux bien plus élevés qu’en 2022 et 2023 en témoigne le pH qui s’établit en moyenne au 1er septembre à 3.34, soit tout de même 0,11 de pH au-dessus des normales.
Les vendanges se sont étalées dans le temps, particulièrement du fait d’un mois de septembre alternant pluie et mistral qui ont rafraichi l’atmosphère et ralenti la maturation des raisins.
Sur l’ensemble de la Vallée du Rhône, on a pu constater une hétérogénéité au sein de la parcelle, mais aussi au sein d’une même grappe. De plus, la maturité phénolique a parfois été atteinte avant la maturité technologique.
Les rendements sont en baisse significative. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation : une forte pression mildiou sur certaines parcelles, des situations de fort millerandage, et parfois des problèmes de concurrence par une difficulté à gérer le développement de l’herbe (printemps humide).
Un épisode de gel a touché quelques parcelles sur le secteur septentrional, le 19 avril, sans conséquence importante. Les parcelles les plus impactées se trouvent en bas-fond.
À cette même date, ainsi que le 20 avril, certains secteurs du Luberon, du nord Vaucluse, du Ventoux et du Diois ont également été touchés avec des dégâts pouvant aller de quelques bourgeons à quasiment 100%.
Le jeudi 11 juillet, un orage accompagné de grêle a localement touché le vignoble de façon très localisée sur les secteurs d’Ardoix/ Ozon/Arras/Vernosc et Talencieux côté Ardèche. Ce même orage a également touché les communes de Beaumont Monteux avec une intensité moindre, mais un second orage est également passé le lendemain, vendredi 12 juillet, sur ce même secteur de Beaumont avec un spectre un peu plus large toutefois.Les dégâts, coté Drôme, sont modérés et incomparables à l’orage du 29 Juillet 2023.
Un important épisode de grêle, avec son lot de dégâts, a également eu lieu le 12 juillet sur le secteur Laudun / Saint Victor.
Cette année a été moins marquée par la sécheresse que les précédentes grâce aux précipitations abondantes du printemps et les averses tombées avec régularité jusqu'à fin juin.
Pour plus d'informations : https://www.institut-rhodanien.com/article/bilan-stress-hydrique-2024
Une très belle qualité au rendez-vous, mais des volumes faibles
Malgré un début incertain, le travail des vignerons a permis d’obtenir de beaux résultats.
La vinification a été, dans sa grande majorité, facile avec des fermentations qui se sont bien déroulées.
À la fin, les vins rouges présentent un très bel équilibre acide, des degrés pas trop élevés et une couleur bien présente avec des tanins soyeux.
La période de froid courant septembre a permis de ramasser des raisins à des températures fraiches et donc d’enclencher des fermentations à des températures relativement basses, propices à la production de notes fruitées.
Les blancs sont aromatiques avec de la fraicheur, une robe plus claire que les millésimes précédents, un bel équilibre acide et des degrés très raisonnables.
Les vinifications se sont plutôt bien déroulées.
Les degrés ne sont pas montés trop haut et l’acidité a été préservée sur l’ensemble des vins.
Les vins rouges présentent un profil élégant avec une belle couleur et des tanins mûrs et pas trop denses. On constate des notes d’épices et de fruits frais.
Les blancs montrent un bon potentiel aromatique sur des notes de fruits blancs avec une belle fraîcheur.