Conseils et ressources sur lesquels s’appuyer pour agir efficacement contre les maladies de la vigne tout en optimisant le recours au cuivre et le coût engendré.
Ces deux dernières années les
millésimes se sont montrés plutôt enclin et favorables à l’apparition de
mildiou dans les vignes de la Vallée du Rhône. La pression recensée durant
cette période est qualifiée de forte et n’est parfois pas facilement
endiguable. La lutte représente également un certain coût en agriculture
biologique notamment et les substances actives autorisées tendent à se réduire.
Voici quelques conseils et ressources sur lesquels s’appuyer pour agir
efficacement tout en optimisant le recours au cuivre et le coût engendré.
L’évolution de la pression du
mildiou dans le sud-est de la France :
2022 fut un millésime présentant
une pression relativement faible dû aux conditions climatiques à contrario des
millésimes 2023 et 2024 qui ont vu une explosion de mildiou dans le vignoble.
Les précipitations n’ont pas permis dans certains cas de pouvoir suivre les
cadences et ont engendré beaucoup de lessivages ce qui n’a pas facilité la
lutte. On observe également en 2024 des contaminations primaires sur
inflorescences alors qu’habituellement elle se font d’abord sur feuille.
Le cuivre est une substance
active dont l’utilisation est contrainte en terme de quantité maximale par
hectare .
Dans le contexte de crise actuelle et l’augmentation du coût des produits phytosanitaires, la lutte devient coûteuse.
Pour réussir sa lutte contre
le mildiou voici les 3 mots clés à respecter : anticipation, réactivité, précision.
AN-TI-CI-PA-TION :
La première
action à mettre en œuvre pour limiter les doses de cuivre est de réduire la
sensibilité des parcelles aux attaques de mildiou. Comme toutes les maladies
cryptogamiques, il est favorisé par une atmosphère chaude et humide. Toutes les
techniques qui aèrent la zone des grappes limitent la sensibilité aux maladies
(limitation de la vigueur, éviter la surfertilisation, effeuillage…).
Tous les produits à base de
cuivre ont un mode d’action
strictement préventif = pour être
efficaces, ils doivent être positionnés avant les épisodes contaminateurs
(pluie ou humidité persistante). Une fois que la maladie est présente dans une
parcelle, le cuivre ne fera que ralentir sa progression. Il faut être très
vigilant dès le débourrement pour éviter que le mildiou ne s’installe. Le suivi
des prévisions météo, de la pression parasitaire locale (à travers le Bulletin
de Santé du Végétal ou des bulletins phytosanitaires départementaux et les
outils d’aide à la décision : Decitrait, Movida, Rimpro etc.) sont des
outils indispensables pour positionner les traitements au bon moment.
RE-AC-TI-VI-TE :
Quelle que soit la taille du
domaine, il est conseillé de pouvoir de traiter l’ensemble des vignes en moins
de 24h, tout en assurant une bonne qualité de pulvérisation ! Le nombre de
matériels et de tractoristes doit être adapté à la surface à traiter. Le
matériel de traitement doit toujours être disponible, idéalement avec un
tracteur dédié au pulvérisateur, pour limiter au maximum le temps passé à
l’attelage / dételage du tracteur avec les autres outils.
En tant que produit de contact, le cuivre ne protège que les organes
présents au moment du traitement et est en partie lessivé par les pluies ou les
humidités persistantes. En période de pousse active de la vigne, il
convient de renouveler les traitements dès qu’un évènement contaminant est
prévu (pluie ou fort humidité) au moins pour protéger les organes apparus
depuis le dernier traitement. Cette cadence peut être modulée en fonction de la
pression parasitaire, du lessivage… Pou rrespecter cette consigne, il serait
nécessaire de réaliser un voire plusieurs traitements par semaine en période de
forte sensibilité…. Dans ces situations, il est important de pouvoir rentrer
rapidement dans les vignes après une pluie. Si les sols ne sont pas très
filtrants et qu’ils ne ressuient pas rapidement, il est conseillé de maintenir
un enherbement un inter rang sur deux ou trois pour assurer une portance des
sols suffisante pour pouvoir renouveler le traitement. Inversement, lorsque la
pression parasitaire est faible et les conditions météos sèches et venteuses,
il est possible d’espacer les traitements.
PRE-CI-SION :
Le mildiou pénètre dans le
végétal par les stomates. A chaque traitement, quel que soit le volume de
végétation, la bouillie doit couvrir parfaitement le végétal, y compris les
faces inférieures des feuilles, l’intégralité des inflorescences ou des grappes,
même au cœur du cep. La maitrise de la qualité du pulvérisation doit reposer
sur un pulvérisateur bien réglé et un traitement face par face.
Depuis quelques années la pression du mildiou ne fait que
croître et les alternatives au cuivre n’ont pas montré actuellement une
efficacité pouvant rivaliser avec ce dernier. Au regard de la réglementation européenne
qui traduit la volonté de réduire le recours au cuivre (28 kg de cuivre
métal/ha à lisser sur 7 années et de l’augmentation régulière du prix des
produits cupriques, il convient d’adopter une stratégie économique et
réductrice. Chaque stratégie et quantité est propre au contexte parcellaire,
millésime et pression. Les outils présentés dans cet article se veulent des
boîtes à outils dans lesquels il est possible de piocher afin de trouver des
ressources, des pratiques pour réduire les quantités de cuivre et réaliser des
économies.
C’EST
DISPONIBLE
Un
Centre de Ressources pour le cuivre en vigne :
Le Centre
de Ressources Cuivre en Viticulture est une plateforme accessible sur
EcophytoPic, développée par l'ACTA, la Chambre d'Agriculture de la Gironde, et
l'IFV. Ce centre s’inscrit dans le plan Ecophyto, en visant à promouvoir des
pratiques viticoles respectueuses de l'environnement en fournissant aux
viticulteurs des stratégies pour réduire l'usage du cuivre. Pour rendre
accessibles aux viticulteurs les leviers testés pour réduire l’usage du cuivre,
les trois structures ont compilé les résultats de vingt ans de recherches et
recensé de nombreux travaux en France. Les stratégies proposées incluent des
substances végétales et minérales, des huiles essentielles, des variétés
résistantes, des méthodes physiques (UV-C et Viti-Tunnel), des stimulateurs de défense
des plantes (SDP), et des outils d’aide à la décision (OAD). Le centre propose
des fiches synthétiques détaillant le statut réglementaire de chaque solution
(ex. produit sous AMM, substance de base) et un bilan des résultats obtenus,
avec des liens vers des ressources complémentaires (rapports, vidéos, fiches
DEPHY). Pour plus d’informations, visitez le Centre de Ressources Cuivre en
Viticulture.
BON A SAVOIR
L’IFV et la Chambre d’agriculture de Gironde ont créé Copper
School, support d’informations sur le mildiou, le cuivre et les solutions
supports au cuivre. L’objectif est d’accompagner l’ensemble des acteurs de la
filière viticole dans les réductions des doses de cuivre. Copper school
présente les dernières connaissances techniques et scientifiques sur ces 3
thèmes. Il peut être consulté librement et gratuitement sur la plateforme
Ecophytopic : Copper
School : support d'informations sur le mildiou, le cuivre et ses alternatives |
Ecophytopic