Stratégies et outils visant à réduire le cuivre dans les traitements en vigne

Modifié le 01/10/2024

Conseils et ressources sur lesquels s’appuyer pour agir efficacement contre les maladies de la vigne tout en optimisant le recours au cuivre et le coût engendré.

Stratégies et outils  visant à réduire le cuivre dans les traitements en vigne

Ces deux dernières années les millésimes se sont montrés plutôt enclin et favorables à l’apparition de mildiou dans les vignes de la Vallée du Rhône. La pression recensée durant cette période est qualifiée de forte et n’est parfois pas facilement endiguable. La lutte représente également un certain coût en agriculture biologique notamment et les substances actives autorisées tendent à se réduire. Voici quelques conseils et ressources sur lesquels s’appuyer pour agir efficacement tout en optimisant le recours au cuivre et le coût engendré.

 

L’évolution de la pression du mildiou dans le sud-est de la France :

2022 fut un millésime présentant une pression relativement faible dû aux conditions climatiques à contrario des millésimes 2023 et 2024 qui ont vu une explosion de mildiou dans le vignoble. Les précipitations n’ont pas permis dans certains cas de pouvoir suivre les cadences et ont engendré beaucoup de lessivages ce qui n’a pas facilité la lutte. On observe également en 2024 des contaminations primaires sur inflorescences alors qu’habituellement elle se font d’abord sur feuille.

Le cuivre est une substance active dont l’utilisation est contrainte en terme de quantité maximale par hectare .

Dans le contexte de crise actuelle et l’augmentation du coût des produits phytosanitaires, la lutte devient coûteuse.


Pour réussir sa lutte contre le mildiou voici les 3 mots clés à respecter : anticipation, réactivité, précision.

AN-TI-CI-PA-TION :

La première action à mettre en œuvre pour limiter les doses de cuivre est de réduire la sensibilité des parcelles aux attaques de mildiou. Comme toutes les maladies cryptogamiques, il est favorisé par une atmosphère chaude et humide. Toutes les techniques qui aèrent la zone des grappes limitent la sensibilité aux maladies (limitation de la vigueur, éviter la surfertilisation, effeuillage…).

Tous les produits à base de cuivre ont un mode d’action strictement préventif = pour être efficaces, ils doivent être positionnés avant les épisodes contaminateurs (pluie ou humidité persistante). Une fois que la maladie est présente dans une parcelle, le cuivre ne fera que ralentir sa progression. Il faut être très vigilant dès le débourrement pour éviter que le mildiou ne s’installe. Le suivi des prévisions météo, de la pression parasitaire locale (à travers le Bulletin de Santé du Végétal ou des bulletins phytosanitaires départementaux et les outils d’aide à la décision : Decitrait, Movida, Rimpro etc.) sont des outils indispensables pour positionner les traitements au bon moment.


RE-AC-TI-VI-TE :

Quelle que soit la taille du domaine, il est conseillé de pouvoir de traiter l’ensemble des vignes en moins de 24h, tout en assurant une bonne qualité de pulvérisation ! Le nombre de matériels et de tractoristes doit être adapté à la surface à traiter. Le matériel de traitement doit toujours être disponible, idéalement avec un tracteur dédié au pulvérisateur, pour limiter au maximum le temps passé à l’attelage / dételage du tracteur avec les autres outils.

En tant que produit de contact, le cuivre ne protège que les organes présents au moment du traitement et est en partie lessivé par les pluies ou les humidités persistantes. En période de pousse active de la vigne, il convient de renouveler les traitements dès qu’un évènement contaminant est prévu (pluie ou fort humidité) au moins pour protéger les organes apparus depuis le dernier traitement. Cette cadence peut être modulée en fonction de la pression parasitaire, du lessivage… Pou rrespecter cette consigne, il serait nécessaire de réaliser un voire plusieurs traitements par semaine en période de forte sensibilité…. Dans ces situations, il est important de pouvoir rentrer rapidement dans les vignes après une pluie. Si les sols ne sont pas très filtrants et qu’ils ne ressuient pas rapidement, il est conseillé de maintenir un enherbement un inter rang sur deux ou trois pour assurer une portance des sols suffisante pour pouvoir renouveler le traitement. Inversement, lorsque la pression parasitaire est faible et les conditions météos sèches et venteuses, il est possible d’espacer les traitements.

 

PRE-CI-SION :

Le mildiou pénètre dans le végétal par les stomates. A chaque traitement, quel que soit le volume de végétation, la bouillie doit couvrir parfaitement le végétal, y compris les faces inférieures des feuilles, l’intégralité des inflorescences ou des grappes, même au cœur du cep. La maitrise de la qualité du pulvérisation doit reposer sur un pulvérisateur bien réglé et un traitement face par face. 



Depuis quelques années la pression du mildiou ne fait que croître et les alternatives au cuivre n’ont pas montré actuellement une efficacité pouvant rivaliser avec ce dernier. Au regard de la réglementation européenne qui traduit la volonté de réduire le recours au cuivre (28 kg de cuivre métal/ha à lisser sur 7 années et de l’augmentation régulière du prix des produits cupriques, il convient d’adopter une stratégie économique et réductrice. Chaque stratégie et quantité est propre au contexte parcellaire, millésime et pression. Les outils présentés dans cet article se veulent des boîtes à outils dans lesquels il est possible de piocher afin de trouver des ressources, des pratiques pour réduire les quantités de cuivre et réaliser des économies.


 

C’EST DISPONIBLE

Un Centre de Ressources pour le cuivre en vigne :

Le Centre de Ressources Cuivre en Viticulture est une plateforme accessible sur EcophytoPic, développée par l'ACTA, la Chambre d'Agriculture de la Gironde, et l'IFV. Ce centre s’inscrit dans le plan Ecophyto, en visant à promouvoir des pratiques viticoles respectueuses de l'environnement en fournissant aux viticulteurs des stratégies pour réduire l'usage du cuivre. Pour rendre accessibles aux viticulteurs les leviers testés pour réduire l’usage du cuivre, les trois structures ont compilé les résultats de vingt ans de recherches et recensé de nombreux travaux en France. Les stratégies proposées incluent des substances végétales et minérales, des huiles essentielles, des variétés résistantes, des méthodes physiques (UV-C et Viti-Tunnel), des stimulateurs de défense des plantes (SDP), et des outils d’aide à la décision (OAD). Le centre propose des fiches synthétiques détaillant le statut réglementaire de chaque solution (ex. produit sous AMM, substance de base) et un bilan des résultats obtenus, avec des liens vers des ressources complémentaires (rapports, vidéos, fiches DEPHY). Pour plus d’informations, visitez le Centre de Ressources Cuivre en Viticulture.



BON A SAVOIR

L’IFV et la Chambre d’agriculture de Gironde ont créé Copper School, support d’informations sur le mildiou, le cuivre et les solutions supports au cuivre. L’objectif est d’accompagner l’ensemble des acteurs de la filière viticole dans les réductions des doses de cuivre. Copper school présente les dernières connaissances techniques et scientifiques sur ces 3 thèmes. Il peut être consulté librement et gratuitement sur la plateforme Ecophytopic : Copper School : support d'informations sur le mildiou, le cuivre et ses alternatives | Ecophytopic