Retour sur les Rencontres Rhodaniennes 2024

Modifié le 03/04/2024

Le 26 mars 2024 ont eu lieu les Rencontres Rhodaniennes Pour cette édition, deux thématiques distinctes : le dépérissement du vignoble, tour d’horizon des facteurs causes et pistes explicatives, et la diversification vers la production de vins blancs et rosés. Retour sur cette matinée technique où se sont retrouvés vignerons et techniciens pour échanger sur ces sujets.

Retour sur les Rencontres Rhodaniennes 2024

Dépérissement : Des diagnostics de terrain pour cibler les meilleurs leviers pour regagner des rendements 

Entre 2016 et 2023, cinq démarches de diagnostics des causes de bas rendements ont été conduites en Vallée du Rhône sur Grenache et Syrah. Les Rencontres Rhodaniennes 2024 étaient l’occasion de dresser le bilan des enseignements de ces réseaux.  

L’idée de diagnostiquer les causes de bas rendements est née dans le début des années 2010, suite à l’observation d’années de bas rendements récurrents sur la production moyenne des Côtes du Rhône. Depuis, la situation perdure, traduisant une difficulté persistante à atteindre les rendements maximaux autorisés. Cette situation suggère une problématique de dépérissement, telle que définie nationalement par le Plan National de lutte contre le dépérissement (PNDV) en 2016 lors de sa création 

L’objectif de ces travaux, essentiellement conduits dans le cadre du projet LONGVI, était de fournir une méthode de diagnostic des causes de bas rendement à une structure, de type cave coopérative par exemple, qui souhaiterait hiérarchiser les causes de bas rendements afin de cibler les leviers les plus adaptés en vue d’un plan d’action.  

Lors de ces diagnostics, chaque facteur du rendement est caractérisé sur la vigne et sur une campagne viticole. Ces diagnostics, volontairement simples et de terrain, ont pour vocation de constituer un dégrossissage qui peut ensuite être précisé, par exemple, par des pratiques culturales associées. Chaque diagnostic est un cas particulier, et ses conclusions ne peuvent pas être généralisées, mais la réalisation des 9 diagnostics à divers endroits en France a permis de lister des points de vigilance autour de facteurs soit récurrents, soit impactants, soit sous-estimés. 

La table ronde a été l’occasion pour chaque partenaire du projet, IFV, Chambres d’agriculture et Institut Rhodanien, de reprendre ces facteurs un par un, résumant les points-clés à retenir et les principales solutions de lutte à mettre en place 

  • L’alimentation hydrique est un facteur clé dans les diagnostics ; cela a été bien visible en 2022 et 2023 sur les diagnostics sur Syrah. La réserve utile des parcelles conditionne fortement le potentiel de production initial. Elle fait l’objet actuellement d’un projet de cartographie par l’Institut Rhodanien. L’irrigation, quand elle est possible, est aussi un outil qui bénéficie de suivis parcellaires pour l’aide au déclenchement puis au pilotage (bulletins des Chambres d’agriculture).  

  • La couverture du sol, notamment non désirée, est une cause importante qui ressort des différents diagnostics. Selon les parcelles, l’herbe peut être indispensable ou excessivement concurrentielle. Si un couvert enherbé rend de nombreux services dans la parcelle, l’impact d’un couvert, même spontané, sur la vigueur et le rendement de la vigne, est une donnée connue de longue date. Les couverts temporaires (« engrais verts ») peuvent constituer une alternative permettant de profiter des services, tout en contrôlant la concurrence avec la vigne. 

  • Le court-noué est le troisième point de vigilance qui ressort de l’ensemble des diagnostics. Non que le court-noué soit fortement présent partout, mais parce que ce dernier a été sous-estimé sur la plupart des réseaux. Cette virose, incurable une fois dans le cep, montre des symptômes pas toujours bien reconnaissables, voire absents. Mais sa nuisibilité est réelle, fréquemment de -20 à-50%, voire -80% de rendement sur les ceps atteints. La présence du court-noué montre des nuances selon les secteurs de la Vallée du Rhône, mais il est globalement bien présent et constitue par endroit une cause majeure de bas rendements.  

  • Les ceps improductifs constituent un autre point de vigilance et représentent une perte sèche de production. Ils découlent directement de la mortalité des ceps, ainsi que de la capacité du vigneron à les remplacer et les rendre pleinement productifs. Dans le cadre d’autres projets en cours dans notre région, nous avons pu constater que les causes de mortalité principales de ceps, parfois même jeunes, sont l’esca-BDA et le pourridié et, dans le cas précis de la Syrah, le dépérissement de la Syrah. Sècheresse et taille rasante sont des facteurs aggravants. En termes de lutte, la complantation est une technique exigeante, coûteuse et pas toujours rentabilisée, car le complant met une dizaine d’années avant de produire pleinement. D’autres techniques sont actuellement à l’étude comme le recépage couplé au curetage du point de greffe. 

  • Enfin, les accidents climatiques (gel de printemps, grêle et échaudage) ont été fréquents ces dernières campagnes. La table ronde a été l’occasion de dresser un vrai/faux des bonnes et moins bonnes idées à mettre en œuvre avant ou après la survenue de l’accident. 

 

Retrouver l'intégralité des échanges sur le dépérissement en vidéo au lien suivant : Rencontres Rhodaniennes 2024 - Dépérissement - YouTube

 

La diversification au cœur des débats ! 

Au programme de ce deuxième sujet, la présentation du contexte de consommation et de quelques chiffres clés, l’illustration par la dégustation des profils des vins blancs et rosés rhodaniens et les perspectives de production avec différents experts de la filière. 

Une image contenant habits, personne, femme, intérieur

Description générée automatiquementUne image contenant habits, homme, intérieur, personne

Description générée automatiquement 

 

Pourquoi parler de diversification en 2024 ? Quels sont les enjeux ? 

Depuis plusieurs années, à l’échelle nationale comme à l’échelle mondiale, la consommation des vins diminue. Les vins rouges notamment, sont impactés par cette perte de consommateurs.  

Or la Vallée du Rhône est principalement connue pour ses vins rouges, qui représentent 76% de la production. Même si le marché global des vins est à la baisse, celui du blanc est en croissance et peut nous permettre de maintenir un certain potentiel de production. Le marché des rosés est quant à lui plutôt stable. Diversifier la production vers plus de vins blancs et de rosés peut ainsi permettre de pallier temporairement au recul du marché des vins rouges.    

Aujourd’hui, les blancs représentent près de 36% de la consommation mondiale en vins tranquilles. L’ambition serait donc d’augmenter dans les années à venir les volumes produits en blanc et en rosé pour élargir l’offre avec davantage de produits, et faire connaître la Vallée du Rhône pour ses 3 couleurs. 

Vers quels types de profils faut-il s’orienter ? 

Dès 2021, un état des lieux des vins blancs et rosés produits en Vallée du Rhône a été réalisé par l’Institut Rhodanien. Cette sélection de vins s’est faite à travers divers échantillonnages et millésimes afin de cartographier les typologies des vins actuellement sur le marché.  

Les vins sélectionnés pour cette étude sont des références parmi les plus vendues et les plus représentatives en volume. Ces vins ont été dégustés à l’aveugle par un jury expert spécifiquement entraîné. L’objectif étant de décrire de manière précise et quantifiée chacun des vins dégustés.   

Pour les vins blancs, 3 profils ont été identifiés : 

  • Le profil vif et frais => vins d’apéritif, avec une expressivité aromatique sur les agrumes, les fruits blancs, le floral, de l’acidité qui prédomine en bouche et une sensation de fraîcheur et de vivacité 

  • Le profil fruité et gourmand => vins d’apéritif et de repas, caractérisés par des notes de fruits jaunes, de fruits exotiques, de la rondeur en bouche et un bel équilibre acide / gras 

  • Le profil complexe et généreux => vins de gastronomie, avec potentiel de garde, caractérisés par une belle complexité aromatique et des notes boisées, une structure plus soutenue en bouche et une aptitude au vieillissement 


Pour les rosés, 2 profils ont émergé : 

  • Un profil frais, fruité, vif et délicat => vins d’apéritif, avec des notes d’agrumes, de fruits rouges, de fruits jaunes, des notes florales, amyliques ou thiolées, de la vivacité en bouche 

  • Un profil fruité, épicé et généreux => vins d’apéritif et de gastronomie, avec des notes de fruits rouges, de fruits noirs, d’épices, de la persistance aromatique et davantage de structure en bouche, un équilibre entre acidité et gras avec davantage d’ampleur 

 

Quelles sont les stratégies de production à mettre en place pour produire ces idéotypes ?  

En Vallée du Rhône, la diversité de terroirs, de cépages et le jeu des assemblages peuvent nous permettre de produire des vins expressifs, avec de jolis équilibres, en adéquation avec les attentes des marchés. Mais les opérateurs ne sont pas tous logés à la même enseigne en termes d’équipements, d’encépagement et de cahiers des charges. 

On observe donc des situations différentes au sein des appellations rhodaniennes, avec des produits variés et cette diversité est un atout. On observe actuellement une forte demande sur des vins blancs frais, fruités, vifs, avec des degrés faibles et de la tension mais les vins boisés, structurés ont également leur place. 

Pour accompagner les opérateurs dans la production de vins correspondant à ces profils, des fiches techniques ont été développées par l’Institut Rhodanien, pour les vins blancs et rosés : Fiches techniques (institut-rhodanien.com) 

 

Comment l’interprofession accompagne-t ’elle les producteurs ? 

La diversification en Vallée du Rhône consiste à s’orienter vers la production de produits avec un objectif profil défini et une identité reconnue. Techniquement cela passe par le choix du cépage, de la date de récolte, du process œnologique, de l’assemblage… 

Pour en savoir plus sur les leviers techniques possibles, visionnez les échanges de la table ronde sur cette thématique ! Vous y retrouverez les retours d’expériences de vignerons, œnologues, et spécialiste R&D : Rencontres Rhodaniennes 2024 - Diversification (youtube.com)  

L’Institut Rhodanien a également à disposition des résultats d’expérimentations sur ces différents leviers, n’hésitez pas à nous solliciter. 

Enfin l’accompagnement passe aussi via les actions promotionnelles mises en place par l’interprofession comme les dégustations, les master-class, les évènements pédagogiques, les salons et le déploiement à l’international mis en place pour tous ces évènements.