Quels types de profils pour les Côtes du Rhône rouges ?

Modifié le 03/07/2024

Bilan de diverses études et essais expérimentaux menés à l’Institut Rhodanien

Quels types de profils pour les Côtes du Rhône rouges ?








Les vins rouges frais, souples, à petit degré ont le vent en poupe ces derniers temps et semblent correspondre aux demandes des jeunes ou nouveaux consommateurs de vins. Moins alcooleux, plus faciles à boire, ils sont plébiscités pour leur fruité et leur fraîcheur. Pour autant, s’oriente-t ’on vers la production de ce type de profils en Vallée du Rhône ? Quelles sont les pratiques œnologiques à mettre en œuvre pour obtenir ce type de vin ?

Quels sont les profils actuellement en cave ?

En 2023, une première étude portant sur 15 échantillons de Côtes du Rhône rouges bruts de cuves du millésime 2022 a été conduite afin d’évaluer la qualité et le type des profils des vins vendus en vrac sur le premier semestre 2023.

Deux typologies de vins ont ainsi été identifiées :

  • un profil de vins complexes et fruités, avec des arômes de fruits rouges, parfois des notes amyliques, des épices, un équilibre entre tanins, acidité et amertume ;
  • un profil plus « prêt à boire », avec des vins aux notes olfactives plus mûres (fruits noirs, quelques points évolutives), et davantage de rondeur et de perception d’alcool en bouche.

La même étude a été reconduite sur le millésime 2023, avec cette fois 20 échantillons prélevés. Les mêmes profils sensoriels ont été retrouvés, et on remarque peu de différences sur les paramètres analytiques entre les deux millésimes (cf tableaux ci-dessous)

La qualité des vins Côtes du Rhône rouges proposés à la vente semble, au vu de ces échantillonnages, plutôt homogène, avec des profils rhodaniens classiques et très peu de vins légers, souples et fruités.

Et quid des vins conditionnés actuellement en vente en grande distribution ?

Pour compléter cette étude ayant porté sur des bruts de cuves et potentiellement différents des vins commercialisés une fois assemblés, un échantillonnage des principaux Côtes du Rhône rouges vendus en grande distribution a été prélevé et dégusté par des jurys experts et professionnels. Cette sélection de cuvées représente 400 000 hL de Côtes du Rhône de différents millésimes (2020, 2021, 2022).

La qualité de cette sélection de cuvées a été jugée comme étant plutôt correcte à bonne, avec de nouveau deux profils identifiés :

  • un profil frais, amylique, sur les fruits rouges, peu alcooleux avec de l’acidité ;
  • et un profil plus complexe, avec des notes épicées, des fruits noirs, et davantage de structure tannique.

Sur cet échantillonnage, le degré moyen est de 13.4%, avec un minimum de 11.2% et un maximum de 14.57%. L’acidité totale varie de 2.72 à 3.33 g/L avec une valeur moyenne à 3.12 g/L. Le pH moyen est de 3.59. Les intensités colorantes (IC) et Indices de Polyphénols Totaux (IPT) correspondent au cahier des charges des Côtes du Rhône (valeur d’IC moyenne : 6.67).

Cette étude montre que les Côtes du Rhône actuellement proposés à la vente sont sans défauts, avec des couleurs satisfaisantes, des équilibres et des niveaux de complexité différents mais en adéquation avec la typicité attendue pour un vin rouge des Côtes du Rhône.

Pour autant, les paramètres œnologiques de ces vins montrent en moyenne moins d’alcool, moins de couleur et plus d’acidité que ceux prélevés en vrac. Certains vins sont même dans le profil fruité léger et souple et l’affichent clairement sur la bouteille. Une tendance encore peu suivie à priori mais qui pourrait se développer rapidement.

Quels process pour des vins légers et fruités ?

11 modalités ont été vinifiées selon 6 process différents et avec 2 dates de récoltes différentes :

Ces modalités ont permis de réaliser des vins aux profils sensoriels différents. La date de récolte comme le process permettent d’obtenir des différences significatives entre les différentes cuvées.

En effet, 1 mois après la mise en bouteilles, ces vins ont été dégustés par le jury expert de l’Institut Rhodanien et les différences sont déjà bien perceptibles, cf graphs ci-dessous :