Comment prévenir son apparition et lutter contre son développement ?
La levure Brettanomyces est
le microorganisme d’altération majeur retrouvé dans les vins rouges. Elle
produit des phénols volatils, molécules volatiles et malodorantes, qui peuvent altérer
le vin tout au long de son processus et impliquer des pertes économiques
importantes pour l'industrie vitivinicole. Comment prévenir son apparition et
lutter contre son développement ?
Une
levure résistante …
Des études antérieures ont montré que cette
levure a peu de besoins nutritionnels et est capable de persister dans les
environnements vinicoles notamment sous forme de biofilms. Un projet régional est
mené actuellement à l’Institut Rhodanien sur fonds FEADER (Fonds Européen
Agricole pour le Développement Rural) en partenariat avec l'ICV et l'Université
de Bourgogne pour étudier les conditions de développement de Brettanomyces
et mettre à disposition des professionnels des outils de lutte face à cette
levure.
L'objectif d'un des axes de travail est d'obtenir une estimation de la population de Brettanomyces sur les surfaces avant et après nettoyage. Ainsi, confirmer la présence de Brettanomyces sur les surfaces de matériel vinaire pourrait permettre un meilleur contrôle de la contamination dans les caves.
Dans ce contexte, des
prélèvements ont été réalisés à différents endroits d’une cuve en inox ayant
contenu du vin contaminé à deux étapes du nettoyage : après rinçage à l’eau
et après nettoyage-désinfection. Deux techniques de prélèvements de surface ont
été utilisées : l’écouvillonnage et la chiffonnette. La chiffonnette est
adaptée pour la détection sur de grandes surfaces (paroi et fond des cuves)
tandis que l’écouvillon est mieux adapté pour les zones difficiles d’accès. Plusieurs
mesures ont été effectuées. Tout d’abord, l'ATPmétrie a été utilisée pour avoir
une estimation du niveau de contamination microbienne sur la surface. Cette
méthode permet de contrôler en temps réel l’efficacité du nettoyage. Ensuite, les
prélèvements ont été analysés par des méthodes spécifiques de quantification de
Brettanomyces (boite de Petri et cytométrie en flux).
…difficile
à éliminer complètement…
Les résultats obtenus sont
présentés sur les schémas ci-contre :
Après rinçage à l’eau, les
mesures réalisées par ATPmétrie montrent des niveaux de contaminations élevés sur
les différentes surfaces. Un simple rinçage à l’eau ne permet pas d’éliminer
les microorganismes. Brettanomyces a été détectée spécifiquement
à des niveaux élevés sur la vanne et au fond de la cuve.
Après l’étape de nettoyage-désinfection, les niveaux de contamination de surface sont toujours élevés sur le joint de la porte et le robinet dégustateur. Sur le robinet dégustateur, une faible diminution de la contamination microbienne a été observée. En revanche, la procédure de nettoyage-désinfection a permis une diminution importante de la charge microbienne sur la vanne et également dans le fond de la cuve. La levure Brettanomyces n'a pas été quantifiée sur milieu gélosé, mais elle a été détectée par cytométrie en flux sur le robinet dégustateur et dans le fond de cuve.
Cette étude met en évidence la
difficulté de nettoyabilité de certaines zones de la cuve comme le joint de la
porte et le robinet dégustateur. Ce sont donc des zones critiques où il faut
être vigilant lors du nettoyage. Les vannes peuvent être considérées comme des zones
critiques si elles ne sont pas démontables.
… et
capable de recontaminer !
De plus, une population de Brettanomyces
viable a été détectée par cytométrie en flux mais pas sur boite de Petri
sur le robinet et le fond de cuve par le protocole utilisé. Ainsi, la
procédure de nettoyage-désinfection pourrait induire le passage des cellules de
Brettanomyces en état VNC (Viable mains non Cultivable). Cet état est
une stratégie mise en place par les microorganismes pour survire en conditions
de stress extérieur. Cependant, ces microorganismes peuvent redevenir
viables si les conditions sont favorables et ainsi recontaminer du vin.