La Vinothèque de l’Institut Rhodanien

Modifié le 01/12/2025

La Vinothèque de l’Institut Rhodanien

Dans certaines situations, telles que celles que nous traversons aujourd’hui face aux conséquences du changement climatique, l’usage de cépages dits « améliorateurs » lors de la vinification devient un outil précieux pour préserver, voire rehausser, la qualité des vins. Dans la Vallée du Rhône, où l’assemblage est déjà la norme, cette pratique se traduit par l’emploi de cépages parfois méconnus, mais légitimes puisqu’inscrits dans les cahiers des charges.

Pour certains vignerons, l’audace va plus loin encore : elle les conduit à explorer des variétés inédites – patrimoniales, étrangères ou issues de la création variétale – travaillées seules ou intégrées à des assemblages.

C’est dans cette perspective que la Vinothèque de l’Institut Rhodanien se présente comme un réservoir ouvert à ces explorations œnologiques et viticoles.

Origine et vocation de la Vinothèque

Il y a trois ans à peine, l’Institut Rhodanien jetait les bases d’une entreprise singulière : une Vinothèque de cépages purs, destinée non pas à flatter la curiosité des amateurs, mais à offrir aux vignerons de demain un outil de connaissance et de transmission.

Aujourd’hui, cette collection s’est enrichie de trois millésimes, et l’on y découvre de nouveaux cépages comme de nouveaux profils, offerts à l’étude de ceux qui cherchent à anticiper les bouleversements climatiques ou à revitaliser leurs productions par de nouveaux assemblages.

La Vinothèque s’attache à examiner les caractères propres de chaque cépage, en explorant leurs profils œnologiques, afin d’offrir aux vinificateurs les fondations nécessaires aux assemblages de demain.

L’Institut ne se contente pas de préserver : il redécouvre des variétés oubliées qui, face au climat actuel, retrouvent une pertinence nouvelle. En témoignent les vinifications de Terret ou Picardan, variétés à petits degrés qui mûrissaient difficilement autrefois.

Trois années de dégustations collectives

Depuis trois ans, la Vinothèque vit à travers les dégustations organisées avec les acteurs de la filière : caves coopératives, ODG ou vignerons partenaires. Chaque session permet de comparer et comprendre le comportement de chaque cépage, seul ou en assemblage.

Les participants y redécouvrent parfois des variétés qu’ils n’avaient jamais dégustées en pur, et repartent avec des idées de plantations nouvelles, convaincus du potentiel de ces essais pour préparer les vignobles de demain.

Nouvelles explorations en 2024

L’année 2024 a poursuivi cet élan. En rouge, les cépages accessoires des Côtes-du-Rhône ont été vinifiés : Aubun, Brun Argenté, Muscardin, Piquepoul noir, Terret noir. En blanc, Clairette blanche et rose, Floreal, Picardan, Piquepoul blanc, Grenache gris, Bourboulenc, Chenin et Verdelho ont également fait l’objet d’expérimentations.

Chaque cépage, influencé par les conditions climatiques, le terroir et les itinéraires techniques, enrichit la connaissance collective. Certains se distinguent par leur fraîcheur, d’autres par leur potentiel thiolé, d’autres encore rappellent l’ancien patrimoine ampélographique régional.

Partagés lors des dégustations, ces essais inspirent déjà des projets de plantation et confirment que la Vinothèque est un véritable moteur pour la viticulture de demain.

La dégustation, un exercice collectif

Ces vins sont ouverts à la dégustation de tous les opérateurs de la Vallée du Rhône, via des structures représentatives (ODG, caves coopératives, collectifs). Les sessions permettent d’étudier des sélections de cépages seuls, assemblés, ou comparés à d’autres vins apportés par les vignerons.

Aujourd’hui, la Vinothèque rassemble 53 cépages différents, déclinés en 93 profils couvrant les trois couleurs. Portées par une expertise viticole et œnologique, ces rencontres sont autant des moments de partage que des occasions de construire les fondations de l’avenir viticole.