2023, une année tout en contraste

Modifié le 05/12/2023

Cette année 2023 s’est révélée être tout en contraste tant sur le climat que sur la maturité.

2023, une année tout en contraste









Bilan climatique

Après une année 2022 exceptionnellement chaude et sèche (année la plus chaude jamais enregistrée en France d’après Météo France), de nombreuses inquiétudes se sont constituées sur ce qu’allait réserver le millésime 2023.

L’année a commencé par des températures extrêmement chaudes : la fin du mois de décembre et la première quinzaine de janvier nous ont réservé des températures de l’ordre de +3 à +4°C supérieures aux normales faisant craindre un débourrement très précoce pouvant occasionner des dégâts de gel importants.


Fort heureusement, le temps a tourné au frais et jusqu’à la fin février, les températures sont restées relativement proches des normales de saison.

Le vrai problème de l’hiver a été sa sécheresse. Notre région a globalement vécu un deuxième hiver consécutif d’importante sécheresse hivernale après 2022. On peut s’interroger sur la récurrence de ces événements pour notre bassin de production et des conséquences physiologiques d’un débourrement qui se produit en conditions hydriques difficiles.

Les quatre premiers mois de l’année ont reçu des cumuls de pluie très faibles et on a fréquemment observé des déficits de l’ordre de 50 à 100 mm, soit entre -40 à -80% du cumul pluviométrique du 1er janvier à débourrement. Il semble que l’extrême nord de la Vallée du Rhône (zone Côte Rôtie) ait cependant été dans des conditions plus favorables avec un léger excédent pluviométrique sur cette même période.



Si l’on rajoute l’intense mistral qui s’est installé au mois d’avril, le débourrement s’est donc effectué avec un dessèchement du sol très important.

L’année aurait pu être catastrophique en termes de sécheresse, mais fort heureusement un premier épisode pluvieux est survenu mi-mai, suivi par une succession de pluies régulières et fréquentes jusqu’à la fin du mois de juin.


Ces cumuls de pluies exceptionnels pour la période ont permis la bonne reconstitution des réserves en eau du sol, mais pas forcément des nappes phréatiques. Cela a permis à la vigne de bénéficier de conditions favorables durant la saison végétative - pluie et températures plutôt douces pour la saison.

Malheureusement, cette situation météorologique fut également très favorable au mildiou et dans une moindre mesure au black-rot, avec des développements très rapides et difficiles à maîtriser avec une croissance rapide de la végétation, des pluies fréquentes et des sols détrempés qui ont pu rendre l’accès à certaines parcelles compliqué.

L’été 2023 a dans l’ensemble été relativement modéré : quelques jours de très fortes chaleurs, mais dans la majorité des cas, rien de comparable avec 2022.


La température de maturation du raisin (1er août - 30 septembre) est restée toutefois bien supérieure aux normales, de l’ordre de +1°C à +2.3°C. Cela a entraîné une montée en flèche des taux de sucres, couplée au phénomène de concentration, avec des maturités parfois bien compliquées à apprécier finement.

Un épisode de forte chaleur du 10 au 25 août, avec un pic caniculaire les 23 et 24 août a entraîné des stress importants sur les cépages en pleine maturation. Des effets négatifs ont été constatés sur les parcelles dont les réserves en eau étaient épuisées : défoliations et flétrissements de raisins qui ont pu conduire à des remontées de densité imprévues et non sans conséquence sur les fermentations.


En termes de pluviométrie, 2023 est finalement une année « moyenne » : sur l’année hydrologique, entre le 1er septembre 2022 et le 31 août 2023, la situation est bien plus confortable que l’an dernier. Si le début de saison a fait craindre de terribles conséquences sur les vignes, les pluies de mai et juin ont plutôt bien rattrapé le déficit pluviométrique de début de saison, le positionnant dans la moyenne (haute ou basse selon les endroits) de ces dernières années (2023 en rouge sur le graphique ci-dessous).


Finalement, 2023 est, sur le cycle de la vigne (débourrement à récolte) un millésime chaud et sec. Il reste cependant plus modéré en température et précipitations que ce que nous avons pu connaître l’an dernier.

Cette année 2023 devrait, selon Météo France, se classer au deuxième rang des années les plus chaudes en France avec une température excédentaire de 1.3°C par rapport aux normales (1991-2020) et une pluviométrie proche des normales mais avec de forts contrastes entre les régions. Le sud de la France reste concerné par un déficit pluviométrique prononcé.


Phénologie


Le débourrement s’est déroulé dans un contexte de fort déficit pluviométrique avec une précocité dans les normales tout comme la floraison.

La floraison a montré une grosse fertilité cette année avec une sortie généreuse, laissant espérer du rendement en perspective ! Les bonnes conditions d’ensoleillement de l’an passé qui ont favorisé une bonne initiation florale, des pluies au bon moment et l’absence de gel en 2023 peuvent expliquer cet état.

La véraison a été plus précoce que la normale.


Épidémiologie


La situation épidémiologique était relativement saine jusqu’à l’arrivée des pluies en mai. Les épisodes pluvieux abondants et répétés ont participé à la dégradation rapide de la situation et au 1er juillet, la fréquence théorique d’attaque du mildiou était de :

  • entre 5% et 15% dans le Gard Rhodanien
  • entre 5% et 30% dans les Côtes du Rhône septentrionales 
  • 15% dans les Costières de Nîmes
  • 25% dans le Diois 
  • 70% dans l’enclave des Papes 
  • 80% dans le Ventoux 
  • 95% dans le sud Luberon

On observe les mêmes dynamiques sur Oïdium et sur Black-Rot qui, cette année, ont été prépondérants.

https://www.vignevin-epicure.com/carto/modele_vdr/Vtemporelle/Modelisation/Mildiou/c_orgt/2230701.jpg