Mode d'emploi de l'irrigation en AOC, méthode de suivi des apex et outils pour suivre le stress hydrique
Créé en 2018, un référentiel d’une vingtaine de parcelles
sentinelles permet de suivre l’apparition des signes de stress hydrique sur les
Côtes du Rhône méridionales ainsi que les crus.
Pour rappel, l’irrigation est interdite en AOC à
partir du 1er mai jusqu’à la récolte. Le suivi des parcelles sentinelles
permet la justification technique pour l’obtention d’une dérogation à l’échelle
régionale, bien qu’aujourd’hui moins de 20 % des parcelles en CDR soient
irrigables. Ce n’est qu’après la validation de l’INAO que l’irrigation peut
être déclenchée par les vignerons. Des règles de productions spécifiques -
notamment concernant les rendements - s’appliquent sur les parcelles irriguées.
Les étapes du parcours
administratif et réglementaire à respecter pour irriguer en AOC
Dès la floraison, les parcelles sentinelles sont suivies
toutes les semaines. La croissance végétative ainsi que l’installation du
stress hydrique sont observées notamment grâce à la méthode des apex. Les données
et prévisions météorologiques associées à la parcelle permettent de simuler
l’état et l’évolution de la réserve en eau du sol ou bilan hydrique. Tous ces
éléments donnent un ordre d’idée de la contrainte hydrique dans le présent, mais
également son évolution à court terme. Le Journal
du stress hydrique, destiné aux vignerons et professionnels de la filière,
est édité à partir de ces données. Il est mis en ligne chaque début de semaine,
à partir de début juin, sur le site internet de l’Institut Rhodanien (Institut Rhodanien -> Outils -> Suivi hydrique du vignoble).
La méthode des apex repose sur l’observation du sommet des rameaux (une fiche technique détaillant cette méthode est disponible sur le site de l’Institut Rhodanien). Chaque apex est caractérisé par une phase de croissance : poussant, ralenti ou arrêté. Ces données sont renseignées par l’observateur dans l’application ApexVigne* et permettent de calculer l'Indice de Croissance des apex qui, en dehors de toute situation de carences ou de problèmes métaboliques, reflète la contrainte hydrique subie par la vigne. Cette méthode est simple et rapide, son efficacité repose sur la régularité du suivi afin de détecter toute accélération du processus naturel d’arrêt de croissance des rameaux. Il est toutefois utile de compléter l’observation des apex par des outils plus précis tels que potentiomètres, chambre à pression… pour gagner en précision.
* ApeX Vigne est
une application gratuite développée par l’équipe AgroTIC de Montpellier SupAgro en
partenariat avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin. Disponible pour
Android sur Google Play, et pour iOS sur l’Apple Store
Il est important de toujours considérer
l’état de stress constaté en fonction de la période de développement de la
vigne. Les conséquences ne sont pas les mêmes pour la vigne et la récolte selon
la date de survenue du stress.
à Entre
débourrement et nouaison, un stress précoce peut empêcher la pleine
croissance du végétal : la surface foliaire de la vigne sera limitée. Cela
permet à la vigne d’économiser de l’eau en transpirant moins, mais cela ne
permet pas une élaboration optimale des raisins, car le rapport feuille/fruit
est mauvais. Par exemple, en 2021, des vignes gelées dont le cycle avait
redémarré tardivement ont stoppé leur croissance lors des premiers stress de
juillet. En conséquence, le feuillage n’atteignait pas le dernier fil de
palissage ! S’il pleut ensuite, les apex principaux étant secs, la
croissance du feuillage reprendra par les entre-cœurs, donnant des vignes au
feuillage bas et touffu, favorable aux maladies et au botrytis.
à
Entre nouaison et fermeture de la grappe, un stress hydrique ainsi que des
fortes chaleurs peuvent perturber la croissance des baies de raisins, qui
risquent de rester très petites. C’est ce qu’il s’est passé en 2019 avec la
canicule de fin juin qui a donné les baies de grenache les plus petites de ces
50 dernières années. Le rendement espéré est alors directement impacté.
à Entre
fermeture de la grappe et véraison, le stress hydrique entraîne des
défoliations qui réduisent la surface foliaire efficace et exposent les grappes
à des brûlures par le soleil.
à Après
véraison, un stress hydrique marqué perturbe la maturation. La déshydratation
des raisins a pour conséquence un emballement de la concentration en sucre. En
parallèle les processus de maturation secondaires (arômes, polyphénols) sont
perturbés et le potentiel qualitatif des raisins est affecté.
Partagez vos
données !
L’appli ApexVigne permet de partager les données des
parcelles. Sélectionnez la parcelle à partager : dans les options, partagez
la parcelle avec apex@institut-rhodanien.com.
Vos données sont précieuses et plus elles seront nombreuses, meilleure sera
notre estimation du stress hydrique à l’échelle régionale.