L’ébourgeonnage, opération printanière, consiste à retirer des bourgeons ou des jeunes rameaux « en trop » par rapport à un objectif de nombre d’yeux laissés à la taille. Car bien souvent, surtout pour certains cépages et lorsque la vigne est jeune et/ou vigoureuse, le nombre de rameaux débourrés est bien supérieur au nombre d’yeux francs laissés à la taille.
Pour une vigne en place, en cordon ou gobelet établi à 6 x 2 yeux, l’ébourgeonnage consiste à conserver seulement les rameaux démarrant des yeux francs conservés à la taille.
L’ébourgeonnage est plus pertinent sur certains cépages que d’autres : la Clairette, le Caladoc, le Cinsaut (entre autres) sont des cépages qui émettent de nombreux rejets, à éliminer pour avoir une production de qualité. D’autres cépages, lorsqu’ils sont vigoureux, émettent souvent de nombreux doubles, par exemple les jeunes Grenache.
Avant | Après |
Le stade d’intervention idéal est lorsque les rameaux sont entre 6 et 12 feuilles étalées, en général entre mi-avril et mi-mai.
Photos : ébourgeonnage sur une vigne en 3ème feuille : sélection des rameaux qui formeront les futurs coursons
Avant | Après |
Sur un plantier en 3ème feuille, l’ébourgeonnage permet de réguler la production, et de sélectionner les rameaux qui formeront les futurs coursons. L’ébourgeonnage est important à ce stade de développement de la vigne car il évite de nombreuses plaies de diamètre important – susceptibles de créer des nécroses dans le bois - sur les bras en cours de formation.
Marion Claverie, Ingénieure à l’Institut Français de la Vigne et du Vin, a évalué l’ébourgeonnage dans le cadre du projet « Bourgeons », financé par le Plan Dépérissement du Vignoble. Voici quelques résultats :
« Entre 2020 et 2022, l’ébourgeonnage a été testé pour son intérêt sur la réduction de l’expression de l’esca-BDA. En effet, plusieurs résultats préliminaires dans différentes régions (Alsace, Chablisien) font état de moins d’expression d’esca-BDA sur des parcelles ébourgeonnées par rapport aux parcelles non-ébourgeonnées. L’idée du projet était simple : comparer sur la même parcelle quelques rangs ébourgeonnés à la date optimale (6-8 feuilles étalées) à un témoin non ébourgeonné. Cela a été conduit sur un réseau national de 7 parcelles sur différents cépages suivies pendant 3 années, dont 2 en Vallée du Rhône (sur Cabernet-Sauvignon et Grenache Noir). Dans quelques cas, une modalité d’ébourgeonnage tardif (au stade « grains de plomb / petits pois ») a été rajoutée. Les résultats sont assez mitigés : dans la majorité des cas, l’ébourgeonnage n’a pas montré moins de symptômes d’esca-BDA. Dans quelques cas, il a montré significativement plus de symptômes que le témoin. Il n’y a que sur le Grenache que les 2 modalités ébourgeonnées ont montré une réduction des symptômes d’esca-BDA, quelle que soit la date d’ébourgeonnage, avec une réduction importante sur la date précoce. Ces résultats sur Grenache mériteraient d’être confirmés, en reconduisant des petits essais spécifiques sur plus de parcelles. À noter que dans le cadre des réseaux de parcelles suivis dans un autre projet (Dep-Grenache), l’ébourgeonnage est ressorti associé à moins de symptômes d’esca-BDA sur l’un des 3 réseaux seulement. »
Pour en savoir plus + : https://www.plan-deperissement-vigne.fr/recherches/programmes-de-recherche/bourgeons